Pardonne-moi (2002)
Ce clip se présente comme un clip-bilan, comme A quoi je sers l'avait été en 1989
Avec ce clip, tout laisse présager que le retour de Mylène se fera de façon différente de tout ce qu'elle a fait auparavant
Retour sur ce clip
Pour la deuxième fois depuis leur rupture clipographique, Laurent Boutonnat reprend la caméra
Mylène étant partie à Marrakech et les sonorités du titre étant assez arabisante dans le pont musical, la rumeur prétend un clip long, tourné en extérieur et particulièrement sulfureux
Il n'en sera rien.
Le clip est en noir et blanc, tourné en studio à Paris, à son retour, dans une ambiance intimiste
Mylène y joue le rôle d'un nonne, filmée en plans fixes
Comme dans la plupart des clips de Laurent, il ne se passe rien au début
Il faut que le spectateur s'habitue à l'espace qu'il présente afin de mieux le détruire ou au moins le renverser par la suite
La caméra fait des travellings avants sur Mylène
Elle a les cheveux détachés (rayonnante de beauté) et semble raconter ses aventures en y mêlant ses souvenirs grâce aux expressions de son visage
Le premier refrain arrive, et l'on assiste à une autre scène : dans une lumière quasi-absente, Mylène se confesse en invoquant sa demande de pardon ...
Retour aux couplets, et Mylène reprend ses aventures avec les différents princes On sent une tension qui augmente et semble (mais semble seulement) atteindre son apogée avec le retour du prince hongrois Les flash de lumière s'intensifient, puis ses yeux finissent par se révulser
Ces princes sont symbolisés par un cavalier (arabisant) qui tente de rejoindre Mylène mais n'y parviendra jamais
Le dernier prince, « noir », semble être le comble de toutes ces confessions
Le décor s'emplit de fumée, les scènes sont courtes, s'enchaînent rapidement : la folie n'est pas loin, elle guète
Mylène entame des danses épileptiques, sous les flashs de lumière toujours plus forte. Un serpent se déroule, les scènes se mélangent comme la musique Mylène est tantôt aveugle, tantôt voyante
Puis le musique s'arrête, en résonnant
Après s'être confessée, Mylène repart
Le clip est terminé : une page se tourne
Ce clip semble simple, ce qui a souvent déçu les fans : « Laurent ne saurait-il plus faire les clips magistraux qui nous faisaient tant rêver
? » Il semble cependant que Laurent soit au sommet de son art : il ne fait plus de films, mais des clips
L'époque n'est plus la même
Il donne une véritable leçon aux réalisateurs, avec cette remarquable qualité de réalisation
Il joue sur les symboles chers à la clipographie de la chanteuse
: le cavalier (rappel d'Allan), la lune (Ainsi soit-je
). On retrouve bon nombre d'éléments présents dans toute l'uvre passée de Mylène : le huit clos rappelle le sulfureux clip de Beyond my control, les yeux révulsés pour Sans logique, la cécité rappelle Je te rends ton amour avec le parallèle à la religion, les danses avec des voiles pour L'Âme-Stram-Gram
Certains plans aussi rappellent ce passé : on retrouve la posture de la couverture d'Ainsi soit-je
, un plan du clip d'Optimistique-Moi
Ce clip reprend aussi des paradoxes chers à Mylène comme la position timide de la nonne qui se confesse, en parallèle aux danses qui laissent apparaître son corps sans retenue
Laurent, pour mieux faire transparaître cette force, n'hésite d'ailleurs pas à passes les images à l'envers, donnant à celles-ci un caractère anormal et étrange sous les stroboscopes
Toutes ces références ne font que renforcer l'idée que ce clip est un clip-bilan, comme un récapitulatif de son uvre passée
Vers quoi va-t-elle donc décider d'aller à présent ? Pourquoi ont-ils souhaité tourner cette page ?
Nous sommes au plus proche de le savoir avec l'imminent clip de Fuck them all, qui s'annonce déjà comme grandiose